La théorie de la reine Rouge et pourquoi je l’adore…

La théorie de la reine Rouge (ou hypothèse, syndrome ou concept, c’est selon… ) est tirée de la suite d’Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll, intitulée de l’Autre Côté du miroir. Dans l’ouvrage, Alice se lance dans une course effrénée avec la Reine de cœur. Mais plus elle court et… moins elle avance ! Alice s’en étonne, mais la reine rouge lui explique alors que c’est parce que son environnement évolue avec elle. En gros… plus elle court et moins elle avance car tout bouge avec elle…

Cet épisode a inspiré le biologiste de l’évolution Leigh Van Valen. Il en a déduit que la biodiversité actuelle résulte d’interactions entre les organismes qui luttent dans des courses évolutives incessantes. Je suis fan de cette histoire et de la théorie sous-jacente. Selon moi elle est particulièrement pertinente dans le domaine de l’IT et plus généralement dans le monde de l’entreprise.

La Reine Rouge pour nouvelle théorie de l’évolution

C’est donc dans le second chapitre de l’Autre Côté du Miroir que l’on trouve la fameuse scène. L’héroïne et la Reine Rouge se lancent toutes deux dans une course endiablée mais après une longue course, Alice s’aperçoit alors qu’elle est toujours au point de départ…

Elle observe alors : « On arriverait généralement à un autre endroit si on courait très vite pendant longtemps, comme nous venons de le faire ». Ce à quoi la reine répond : « Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu’on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça ! »

Gravure d’origine tirée de « De l’autre côté du miroir »

On utilise ainsi la métaphore de la reine rouge (ou de la dame rouge, c’est selon…) pour symboliser la course aux armements entre les espèces. C’est à dire que non seulement l’espèce qui survit est celle qui s’est adaptée (Darwin), mais chaque espèce est en concurrence contre les autres pour s’adapter plus vite que les autres!

Ainsi, si la sélection naturelle favorise les prédateurs les plus rapides, elle favorise aussi les proies les plus rapides. Les spécialistes surnomment la théorie de la Reine Rouge « paradoxe de l’évolution ».

Mais, ce qui est vrai dans le règne animal l’est aussi dans le monde de l’entreprise et dans le secteur de l’IT 

Une déclinaison dans le monde de l’IT

Cette injonction se répand dans tous les secteurs. L’exemple des jeux vidéo est un exemple frappant de course aux armements… Ils sont de plus en plus puissants et mettent la pression sur les fondeurs (AMD et Intel). Ils doivent produire des CPU plus véloces et des cartes graphiques capables de générer des effets visuels et une physique des objets de plus en plus réaliste. Pour profiter des derniers titres dans les meilleures conditions, les aficionados sont alors obligés de changer de machine. Une des raisons de la croissance à deux chiffres comme le montre l’étude récente du SELL (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisir). 

Le phénomène s’observe également dans l’IT d’entreprise. Notamment avec la course aux CPU toujours plus puissants et la croissance exponentielle des systèmes d’information. Une solution problématique qui a mené au cloud avec à la clé une réduction des coûts grâce à la mutualisation. On le constate aussi dans les logiciels. A l’image d’Excel, dont la majorité des utilisateurs n’utilise peut-être que 10 % des capacités. De même, la guerre qu’on a vue dans le domaine de la Business Intelligence entre Qlik, Tableau et PowerBI.

Tous ses exemples illustrent comment les différentes « espèces IT » (logiciel, infrastructure, acteurs des jeux videos) essaient d’aller plus vite que la concurrence pour les prendre de vitesse. L’enjeu est ici d’ajouter des fonctionnalités, de la puissance, de l’expérience utilisateur pour survivre…

La démarche fait bien sûr le bonheur des utilisateurs car il tire vers le haut tout le marché, mais , en contrepartie négative, cela pousse à la surconsommation.

Dans l’entreprise également, la théorie de la reine rouge est plus que jamais d’actualité !

Le phénomène est le même pour les organisations, sans parler de compétitivité, juste pour leur survie. S’adapter face à la concurrence historique, aux nouveaux entrants et aux bouleversements du marché est vital. Cette course est devenue permanente. Les exemples d’échecs cuisants pour défaut d’adaptation ne manquent pas.

On retrouve bien sûr les exemples classiques… Kodak qui n’a pas cru et n’a pas su prendre le virage de la photo numérique. Nokia qui n’a pas anticipé l’arrivée des smartphones… Mais c’est aussi cette théorie de la reine rouge qui guide les approches de type « the winner takes it all » que l’on voit sur le marché des VTC ou encore les livraisons de repas.

La pandémie de COVID a eu plus rapidement raison des entreprises incapables d’évoluer. La remise en cause s’avère permanente.

3 clés pour appliquer la théorie de la reine rouge au quotidien

1. Adoptez une mentalité d’amélioration continue

Ne vous reposez jamais sur vos lauriers et cherchez constamment des moyens d’améliorer vos compétences, vos processus et vos produits. Même de petites améliorations quotidiennes peuvent faire une grande différence sur le long terme.

2. Restez à l’écoute des tendances du marché

Le monde évolue rapidement, et il est essentiel de rester informé des dernières tendances et innovations dans votre secteur. Cela vous permettra de vous adapter rapidement et de garder une longueur d’avance sur la concurrence.

3. Encouragez la flexibilité et l’adaptabilité au sein de votre équipe

Créez une culture d’entreprise où le changement est perçu comme une opportunité plutôt qu’une menace. En étant prêts à pivoter et à ajuster vos stratégies lorsque nécessaire, vous renforcerez la résilience et la compétitivité de votre organisation.

En intégrant ces trois clés dans votre routine professionnelle, vous vous assurerez de toujours rester en mouvement et de maintenir votre avantage concurrentiel, tel un véritable champion de la reine rouge !

Conseils pour devenir un théoricien rouge

La course à la transformation est un défi constant, et dans notre entreprise, nous en avons fait l’expérience directe ces dix dernières années. Depuis notre création, nous avons dû jongler en permanence entre deux impératifs : d’une part, assurer nos activités quotidiennes en délivrant des projets et des missions de conseil sur des sujets que nous maîtrisions déjà, et d’autre part, rester constamment à l’affût des nouvelles tendances et des innovations à venir.

Ce double effort est à la fois stimulant et épuisant, semblable à un marathon que l’on courrait à la vitesse d’un sprinter. Cette dynamique exigeante incarne parfaitement l’essence de la théorie de la Reine Rouge : pour rester en tête, il ne suffit pas de courir, il faut courir plus vite que les autres. C’est ce que signifie véritablement être un théoricien rouge : non seulement suivre le rythme effréné de l’évolution, mais aussi l’embrasser pleinement, même lorsque cela semble exténuant.

Et souvenez-vous, dans cette course, mieux vaut être une Reine Rouge bien chaussée qu’un roi paresseux sur son trône !


Andrea Zerial

Les sujets qui m’intéressent le plus sont Data, Organisation et Temps Réel !

N’hésitez pas à me faire un retour sur cet article ou à me contacter sur LinkedIn pour partager nos actualités!

Andrea

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