De l’importance d’avoir les bons indicateurs…

Lorsque j’ai écrit mon article sur Factfulness de Hans Rosling certains m’ont demandé pourquoi je publiais cet article sur la médecine et les indicateurs mondiaux dans un blog sur l’entreprise. La réponse est simple… La data et la façon de l’interpréter relève aujourd’hui d’une importance vitale!

Pandémie, virus et indicateurs

Depuis le début de la pandémie du Covid-19, nous sommes tous bombardés d’informations, d’indicateurs et, bien souvent, de mauvaises nouvelles.

Personnellement, j’ai coupé les chaînes d’informations et une bonne partie des notifications de mon smartphone!

Pourtant, il y a quelque chose à retirer de cette période, lorsque l’on travaille, comme moi dans le domaine de la data !

Infobésité quand tu nous tiens…

Première chose qui me frappe, c’est que depuis des années on entend parler d’une « infobésité » ou « Surcharge Informationelle« . Dans les médias et chez les auteurs spécialisés, il était déjà courant d’expliquer que nous sommes saturés d’information et qu’il est de plus en plus difficile de s’y retrouver… Et pourtant, je pense que pour la plupart, nous nous accommodions assez bien de cette charge mentale. On avait l’impression d’être comme un poisson dans l’eau, non ?

Ça c’était avant… Avant d’expérimenter le confinement, la peur du virus, l’épidémie… Pour le coup, la saturation est encore montée d’un cran pendant cette pandémie.

Ce qui m’intéresse, ici, c’est de voir quel a été mon réflexe face à cette augmentation des sollicitations et des informations. Vous je ne sais pas, mais moi, j’ai donc (presque) tout coupé…

En effet, j’ai réduit « artificiellement » les sollicitations en arrêtant certaines sources. Télévision, en particulier les chaines d’infos continues, et même certaines applications mobiles. Surtout qu’assez vite, on reçoit une information, on la partage, on attend un retour… et qu’on génère du coup encore plus d’infobésité à notre tour !

De plus, parfois, le retour ou l’information qui suit indique que la précédente news était en fait une « fake news« … qu’on vient de propager… Certains médias et journalistes l’ont compris, d’autres au contraire cherchent le buzz en priorité.

En cas de saturation d’information, il faut essayer d’en restreindre les sources. Il vaut mieux avoir moins d’informations, ou un peu plus tard, mais qu’elles soient vérifiées et fiables. Cela s’applique aussi dans nos organisations : si vous « remontez » un indicateur, il faut qu’il soit fiable. Que vous soyez certainSinon, il ne sert strictement à rien !

Des chiffres, des chiffres… mais pas d’indicateur…

L’autre chose qui m’a frappée, c’est à quel point, assez vite, des chiffres ont circulé. Tous les médias et tous les citoyens avaient accès aux nombres de morts dans chaque pays, au nombre de contaminés, au nombre de masques manquants…

Ainsi, nous avions tout un tas de chiffres… mais il nous a fallu plusieurs semaines pour avoir des indicateurs.

Quelle différence je fais ? Selon moi, pour avoir un indicateur il faut trois éléments.

D’abord, un indicateur doit porter son contexte. C’est un chiffre que l’on peut interpréter. Et en ce sens, les tendances, les évolutions permettent de mieux évaluer le chiffre brut et donc la situation.

Ensuite il doit permettre d’aider à la décision. Si je vous bombarde d’informations et d’indicateurs mais que vous ne pouvez pas agir dessus, l’indicateur est assez inutile, non ? C’est juste un chiffre que je ne peux que constater. Et dans le contexte, c’est assez anxiogène!

Enfin, il doit représenter la réalité. L’indicateur doit me permettre d’avoir une vision correcte de la situation. Sinon, il ne sert à rien non plus. Cela rejoint le point que j’évoquais plus haut avec notamment la nécessité d’avoir des sources fiables.

Mais ça rejoint aussi la nécessité d’avoir un plan de collecte…

Point d’indicateurs sans plan de collecte!

Il y a bien longtemps, durant une formation Lean 6 Sigma, j’ai appris ce qu’était un « plan de collecte ». Durant cette formation, l’exemple qui était pris consistait à mesurer le temps de passage en caisse dans un supermarché. Simple non ?

Mais en réalité, quand commence-t-on le décompte ? Lorsque le client pose son article sur le tapis roulant ? Quand il commence à faire la queue avec deux personnes devant lui ? Et puis… quand arrête-t-on le délai ? Quand le dernier article a été scanné ? Au moment où le client a payé ? Ou bien lorsque le client a rangé son dernier article ?

Finalement, pas si simple…

D’où l’utilité d’un plan de collecte. Pour faire simple (en attendant un éventuel article plus précis…), c’est une formalisation de la méthode et des règles que l’on va utiliser pour faire la mesure. On définit le plus précisément possible la façon dont les personnes devront faire les mesures afin de ne pas laisser de place à l’interprétation.

Pourquoi vous parler de plan de collecte (ou plan de mesure), alors que je vous parle des indicateurs du Covid-19 ? Parce qu’au milieu de l’abondance de chiffres, on a pu constater qu’il n’y avait pas vraiment de plan de collecte. Ou du moins, qu’il nous était inconnu !

Ainsi, après 3 mois à commenter la courbe de mortalité de la Chine, on a commencé à suspecter les chiffres communiqués par Pékin… Dans le fond, on ne savait pas comment ils étaient élaborés.

De même, après 3 semaines de communications quotidiennes sur la mortalité en France, on a découvert que les indicateurs ne tenaient pas compte des décès à domicile ou en Ehpad… On ne connaissait pas le plan de collecte!

De l’importance de comprendre et d’interpréter l’indicateur

Au final, l’abondance de chiffres et d’informations que nous connaissons dans cette pandémie peuvent nous rappeler quelques bases pour établir de bons indicateurs dans nos entreprises.

Un bon indicateur doit être fiable et représenter la réalité. Il doit porter un contexte qui facilite son évaluation. Il doit être compréhensible et intelligible car il doit permettre d’agir.

Si on ne connaît pas clairement le protocole qui a mené à l’élaboration d’un indicateur, il vaut parfois mieux s’en passer… et couper sa télévision !


Andrea Zerial

Les sujets qui m’intéressent le plus sont Data, Organisation et Temps Réel !

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Andrea

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